Series | Book | Chapter

257970

Outline

Compte-rendu des activités du Cercle Linguistique de Copenhague

Louis Hjelmslev

pp. 45-47

Lines

Séance du 12 décembre 19351

1Travail préparatoire – Dès sa fondation, le Cercle linguistique de Copenhague s’est intéressé tout particulièrement aux problèmes généraux de linguistique structurale. Deux comités de travail se sont formés au sein du Cercle, l’un traitant les études phonologiques, l’autre les études grammaticales. Ces comités étaient chargés d’une part de préparer des publications collectives, d’autre part d’organiser des réunions plénières consacrées aux problématiques rencontrées. On donnera ici un bref aperçu des principales communications don|nées en réunion plénière par quelques membres des deux comités :

  • 29.10.1931 L. Hjelmslev : La méthode immanente en linguistique
  • L. Hjelmslev : Compte-rendu de N. Troubetzkoy, Zur allgemeinen Theorie der phonologischen Vokalsysteme.
  • V. Brøndal : Une théorie des voyelles.
  • 19.12.1931 K. Barr & E. Detlefsen : Compte-rendu de G. Guillaume, Temps et verbe.
  • 14.4.1932 P. Lier : Compte-rendu de N. Troubetzkoy, Die phonologischen Systeme.
  • 26.5.1932 L. Hjelmslev : Compte-rendu des travaux de S. Karcevskij.

2Ces réunions ont soulevé des discussions animées au sujet des principes de la phonologie. Cela a amené quelques membres (L. Hjelmslev, P. Lier, H. J. Uldall) à établir une théorie nouvelle qu’ils ont dans un premier temps appelée phonématique et qu’ils se proposaient d’appliquer provisoirement au danois moderne. Les premiers résultats de ce travail ont été résumés dans deux communications présentées au 2ème Congrès International des Sciences Phonétiques, qui s’est tenu à Londres au mois de juillet 1935 (L. Hjelmslev : On the Principles of Phonematics ; H. J. Uldall : The Phonematics of Danish ; voir les Proceedings du Congrès, sous presse), dans deux cours délivrés par L. Hjelmslev à l’Université de Leeds les 13-14 mai 1935 sous le titre de Introduction to Phonematics, et dans un rapport présenté par L. Hjelmslev à la Société de philologie nordique de Copenhague (voir Selskab for nordisk Filologi, Aarsberetning for 1935, p. 6 et suiv.).

3L’activité du comité glossématique – Au cours de leurs recherches, L. Hjelmslev et H. J. Uldall se sont principalement consacrés à l’étude des relations entre le système phonématique et le système grammatical. Ils ont par là même repris le travail du comité grammatical qui avait provisoirement suspendu son activité. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des travaux de L. Hjelmslev : les recherches qu’il avait entrepris depuis plusieurs années avaient abouti à des publications (voir ses livres Principes de grammaire générale, Det Kgl. Danske Videnska|bernes Selskab, Historisk-filologiske Meddelelser, XVI, 1, 1928 ; La catégorie des cas I, Acta Jutlandica VII, 1, 1935) et à des communications données au Cercle linguistique en date du 27.4.1933 (Structure générale des systèmes grammaticaux) et du 18.5.1933 (Recherches provisoires sur les cas). L. Hjelmslev et H. J. Uldall ont fini par réunir dans une théorie d’ensemble appelée glossématique la théorie des « pho|nèmes » et la théorie « grammaticale » et « sémantique ». Ils les ont respectivement appelées cénématique et plérématique (de κενός et de πλήρης, y compris respectivement l´étude des glossèmes vides et des glossèmes susceptibles de posséder un contenu). Ils ont fait part du résultat de leurs travaux lors d’une communication à la Humanistisk Samfund d’Aarhus le 18 décembre 1935 et d’un cours donné à l’Uni|versité d’Aarhus. Leur théorie sera prochainement publiée sous le titre de An Outline of Glossematics dans Humanistisk Samfunds Skrifter 1 (sous presse).

4La théorie glossématique est fondée sur la nécessité d’une mé|thode immanente en linguistique. Puisque la langue est une forme et non une substance (comme le dit F. de Saussure), les glossèmes sont par définition indépendants de la substance, qu’elle soit immatérielle (sémantique, psychologique et logique) ou matérielle (phonique, graphique etc.). De plus, la forme linguistique présente un caractère spécifique et ne recouvre aucune forme extralinguistique. Les glos|sèmes sont donc définis exclusivement par leur fonction, c’est-à-dire par leurs relations syntagmatiques, et par leur forme paradigmatique. À ce propos, on montre que les deux plans glossématiques (la cénématique et la plérématique) sont analogues et interdépendants ; il faut donc les développer simultanément et en suivant un procédé qui est identique en tout point. Les glossèmes étant les unités les plus abstraites que l’on puisse dégager, on a besoin d’opérer une série de réductions pour les repérer (en allant bien au-delà des réductions opérées par l’école phonologique). Pour cela, on les définit par leurs combinaisons et rections mutuelles et par leurs relations paradigmatiques, sans tenir compte de leurs rapports associatifs ou de leur substance.

    Notes

  • 1 [Texte publié en français en (1936), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 2, pp. 13-15].

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 45-47

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Compte-rendu des activités du Cercle Linguistique de Copenhague“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 45–47.