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258003

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Remarques à propos de la communication de Bodelsen

Note sur le complément (l'objet grammatical)

Louis Hjelmslev

pp. 100-101

Lines

Séance du 23 mars 19441

1Résumé. Il n’est pas nécessaire d’abandonner la définition traditionnelle de l’objet en tant que « but », « récepteur » de l’action ou « indicateur » de la direction de celle-ci. Les critiques de Jespersen, de Sweet etc., selon lesquelles le récepteur de l’action est plutôt le sujet, font une confusion entre le contenu de la catégorie grammaticale et les significations des mots individuels utilisés dans cette même catégorie ; ces critiques ne tiennent pas compte de la différence entre ontologie (les différences entre les objets du monde) et linguistique (les différences linguistiques). D’ailleurs, il n’est pas nécessaire de faire une distinction entre les différents types d’objet (instrumental, interne, résultatif, etc.) qui sont souvent la conséquence d’une squinting grammar, d’une confusion entre cas et préposition, ou des considérations de nature sémantique. La distinction entre ce genre d’objets, sur la base du type d’action indiquée par le verbe, est donc une complication inutile qui amène inévitablement à enregistrer autant d’objets que de verbes. En anglais, la distinction traditionnelle entre prédicatif et objet semble ne pas s’appliquer, puisque, en présence de la distinction formelle entre prédicatif et objet, la langue anglaise semble préférer la seconde possibilité (cf. it is me).

2[Hjelmslev] Bodelsen a sans doute raison d’exiger une distinction plus nette entre l’objet et ce qu’on peut appeler ses variantes (l’« objet » de Bodelsen n’étant toutefois qu’une variante de degré inférieur d’une certaine forme casuelle). Mais l’enregistrement des variantes peut se révéler particulièrement utile, du moins sous certaines conditions (cf. par exemple les différentes variantes de l’« ac|cusatif » distinguées par Madvig) : il ne faut pas l’exclure a priori. Il est vrai que, si on pousse la classification des variantes combinatoires aussi loin que possible, on parviendra à autant de « types » d’objet que de verbes. En tout cas, à cet égard, le plus grand défaut de la grammaire traditionnelle n’est pas de ne pas enregistrer les variantes, mais de le faire d’une façon tout à fait confuse et incohérente.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, pp. 173].

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 100-101

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Remarques à propos de la communication de Bodelsen: Note sur le complément (l'objet grammatical)“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 100–101.