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258018

Outline

Discussion sur l'analyse de la phrase

avec une référence particulière aux propositions secondaires (suite)

Louis Hjelmslev

pp. 166-168

Lines

Séance du 21 novembre 19501

1[Diderichsen] La question est de savoir s’il vaut mieux – comme l’affirme Hjelmslev (en conformité avec la théorie de Mikkelsen) – commencer l’analyse en divisant la phrase en deux classes (une nexie et un nexus), par exemple jeg traf en mand / som jeg ikke kendte (I met a man / whom I did not know) et procéder ensuite à leur analyse, ou plutôt – comme Diderichsen le soutient (selon d’autres courants de la tradition, représentés notamment par Jespersen) – considérer les propositions secondaires comme des membres de phrase, en en postposant l’analyse au stade de la procédure où l’on parvient à ces membres (dans l’exemple susmentionné : lorsqu’on parviendra aux fonctions). Dans les deux phrases jeg traf en mand, som jeg ikke kendte (I met a man whom I did not know) et jeg traf en mig ubekendt mand (I met a man unknown to me), les deux jonctions en mig ubekendt mand (a man unknown to me) et en mand som jeg ikke kendte (a man whom I did not know) sont analysées au même stade de la procédure. Sur ce point, Togeby et Fischer-Jørgensen partagent l’avis de Diderichsen.

2[Hjelmslev] L’on simplifiera la procédure en isolant d’emblée les propositions secondaires, puis en les analysant lors de l’étape où l’on analyse les propositions primaires. De plus, la théorie selon laquelle les propositions secondaires sont toujours des membres de phrase est irrecevable. En effet, dans les cas où, par exemple, le temps ou le mode des propositions secondaires sont déterminés par ceux des propositions primaires, il faut qu’il y ait une sélection entre les deux propositions – et non pas entre la proposition secondaire et une partie de la proposition primaire. Même dans les cas où la proposition secondaire est un membre de phrase, elle est enregistrée à un stade ultérieur : à un moment donné, il deviendra évident que dans la proposition primaire de l’exemple ci-dessus, c’est mand (man) qui est présupposé par la proposition secondaire – et pas la proposition primaire dans son ensemble. Et pourtant l’opération où cela va apparaître est également effectuée dans d’autres cas ; elle n’invalide pas l’hypothèse initiale selon laquelle il y a sélection entre les propositions. Si les nexies ne sont pas divisées en nexus, le concept de nexie ou celui de nexus deviennent, l’un ou l’autre, nuls et vides. Cela veut dire que cette étape de la procédure est supprimée. D’ailleurs, on devrait introduire bon nombre d’autres étapes, puisque les propositions secondaires sont à analyser à des stades distincts. Cette procédure ne semble pas être adéquate.

3[Diderichsen] Au moins pour le danois, la division des nexies en nexus est un stade tout à fait superflu. Il y a des nexus de différents degrés : si on le désire, on peut renommer les nexies en les appelant « nexus de premier degré ». On pourra préciser la sélection entre proposition primaire et proposition secondaire à un stade ultérieur, c’est-à-dire quand il sera clair que ce n’est qu’un membre, et non la proposition primaire dans son ensemble, qui est présupposé. On voit donc que la première analyse est provisoire et que, tout comme plusieurs autres analyses, elle doit être abandonnée si l’on en trouve une meilleure. Il s’agit donc d’une étape superflue, et le fait de la sauter n’entraîne pas obligatoirement le rajout de nouvelles étapes lors des opérations successives, quand on parvient à l’analyse des propositions secondaires : il suffit de noter qu’on abou|tit à des membres de phrase construits comme des phrases, qui sont à analyser d’une manière préétablie. On peut garder la division en lexie/lexème2 en définissant les lexèmes comme les premières parties auxquelles on parvient au cours de la procédure analytique. Celles-ci ne doivent cependant pas avoir été une chaîne catalysée au stade immédiatement précédent. Toutefois, ces lexèmes ne doivent pas se révéler être des nexus ; ils peuvent être constitués de caractéristiques verbales et du reste de la proposition, etc.

4[Togeby] Il doit être possible de résoudre le problème en appliquant la règle de transmission. N’importe quelle grandeur peut constituer une phrase : par exemple En stor mand (A big man) (en tant qu’apposition) peut être transmise, pas encore divisée, d’un stade à l’autre, jusqu’à ce qu’on parvienne aux jonctions. D’ailleurs, lors|qu’on y arrive, on se trouve face à des grandeurs comme den mand jeg kendte (the man I knew) : à ce point-là, on peut transmettre jeg kendte (I knew) dans le sens inverse, au-dessus, au niveau des phrases complexes. Il faut garder la possibilité de transmettre des grandeurs dans les deux directions. Lors de stades ultérieurs, on trouvera aussi des noms comme le jemenfichisme, qui contiennent un élément à faire remonter à une étape précédente, notamment au niveau des phrases, pour qu’ils puissent être analysés de la même façon que celles-là.

5[Hjelmslev] Hjelmslev réfute ce dernier exemple, parce qu’il s’agit d’un mot susceptible de déclinaison, etc. Jusque-là, il était généralement d’avis qu’il est possible de transmettre des entités indivises à des opérations ultérieures, alors que le mouvement inverse était exclu par principe. Il promet de reconsidérer la question.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, pp. 141-142].
  • 2 Cf. Hjelmslev: Grundtræk af det danske udtryksystem med særligt henblik på stødet (voir Hjelmslev, Essais II, Copenhague, Nordisk Sprog- og Kulturforlag, 1970).

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 166-168

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Discussion sur l'analyse de la phrase: avec une référence particulière aux propositions secondaires (suite)“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 166–168.