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258023

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Analyse de la phrase (suite)

emphase et catalyse

Louis Hjelmslev

pp. 190-191

Lines

Séance du 20 février 19511

1[Hjelmslev] soutient que, dans la table des catégories morphéma|tiques2, la dimension horizontale doit être reformulée pour inclure non seulement les deux possibilités « intense » et « extense » (tout comme dans la dimension verticale), mais aussi les possibilités logiques ultérieures, qui sont : la possibilité définie « à la fois intense et extense » et celle définie « alternativement intense et extense ». Il est possible que dans quelques langues, la catégorie du nombre doive être classée parmi ces nouvelles possibilités ; en tout cas, cela est sans doute vrai pour l’emphase. En outre, Hjelmslev se déclare d’accord avec Togeby au sujet de « ego » : dans ce cas, il n’y a qu’une différence dans l’expression du signe entre latin et danois : dans le latin veniam le degré bas d’emphase est exprimé par zéro, tandis que dans le danois jeg kommer (I arrive) ce même degré est exprimé par un accent faible. Le degré haut d’emphase est exprimé en latin par la présence du pronom ego, et par l’accent fort dans le danois 'jeg kommer. Le mot danois kommer (arrive) en style télégraphique ne peut être catalysé dans jeg kommer (I arrive) qu’aux dépens de la stylistique. En ce qui concerne la catalyse, elle n’est appropriée que là où des cohésions ont été enregistrées dans ce qu’on a déjà complètement catalysé. Cela n’est pas le cas de l’objet-accusatif du latin, ni de l’objet-translatif du danois (cf. les exemples discutés ci-dessus3) : amat me et jeg synger en sang (I sing a song). Si l’ordre des mots se révèle assez fixe dans le cas de l’objet direct et de l’objet indirect, l’analyse de ces deux membres de phrase constituera une étape de transition de la procédure, car les deux nexus (par exemple : han gav prinsen prinsessen (he gave the prince the princess) et han gav prinsessen prinsen (he gave the princess the prince)) seront mutuellement commutables. Il en sera de même dans le cas où il est possible de trouver et de délimiter nettement un style dans lequel l’ordre des mots est assez fixe.

2[Diderichsen] répond qu’une distinction entre objet direct et objet indirect ne peut que relever de la substance. Il est impossible de parvenir à ces membres en effectuant une analyse progressive de la phrase.

3[Pauly] objecte que la différence entre objet direct et objet indirect, elle, appartient à l’ordre structural, notamment à celui du signifié. Diderichsen répond que ce à quoi on a affaire ici est « le signifié des groupes de mots ». Pourtant, selon Hjelmslev, le « signi|fié des groupes de mots » n’est qu’une manifestation des fonctions.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, pp. 157-158].
  • 2 Actes du IVe Congrès des Linguistes, p. 145 (Essai d’une théorie des morphèmes).
  • 3 Cf. la séance du 13 février 1951.

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 190-191

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Analyse de la phrase (suite): emphase et catalyse“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 190–191.