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258034

Outline

Compte-rendu de Uldall

An outline of glossematics

Louis Hjelmslev

pp. 234-236

Lines

Séance du 18 février 19581

1Hjelmslev présente la première partie de An Outline of Glossemat|ics (vol. 1) qu’il avait projeté de publier avec H. J. Uldall (« General Theory ») et qui a finalement été rédigée uniquement par ce dernier. (Le résumé de la communication a été établi par Eli Fischer-Jørgensen, sur la base des notes de Hjelmslev lui-même, combinées avec les siennes et celles de Diderichsen).

2Cet ouvrage a été signé par Uldall en 1952, avant qu’il ne soit parvenu à un accord définitif avec Hjelmslev sur la totalité des questions théoriques. La première partie, appelée « General Principles », montre l’accord de Uldall et Hjelmslev sur leur idée commune d’analyse fonctionnelle. Plus que d’une théorie, il s’agit en effet d’un point de vue, et notamment de la conception selon laquelle l’approche purement fonctionnelle est la seule adéquate. La formulation du principe empirique et des principes de simplicité, de réduction, d’économie et de généralisation qu’on y retrouve est intégralement reprise des Omkring Sprogteoriens Grundlæggelse. La seconde partie, l’« algèbre glossématique », n’a été écrite que par Uldall : les définitions introduites, ainsi que leur hiérarchisation, sont différentes de celles que l’on trouve dans les Omkring. En effet, avant la Guerre, Uldall et Hjelmslev étaient parvenus à des formulations communes. Par contre, pendant la guerre, chacun a travaillé de son côté :2 Hjelmslev s’en est généralement tenu à la formulation originelle, tandis que Uldall explorait de nouvelles pistes. À partir de 1951-1952, il ne leur a plus été possible de trouver un accord. La différence principale entre leurs deux points de vue relève de l’analyse des fonctions. Même si l’on retrouve dans la présentation de Uldall la tripartition hjelmslévienne des fonctions, la terminologie en a été changée, et quelques éléments nouveaux viennent la complexifier. Uldall fait la distinction entre une fonction contractée par des faits singuliers et une fonction entre classes, en les désignant de deux façons différentes : il garde les termes de « connexion » (syntagmatique) et d’« équivalence » (paradigmatique) pour les fonctions entre les instanciations singulières, ainsi que les termes déjà connus de « relation » et « corrélation » pour les fonctions entre des classes. Il fait plus précisément la distinction entre fonctions conjointes et disjointes, ainsi qu’entre fonctions de présence et d’absence. Le résultat en est un outil sur-raffiné, trop compliqué pour être utilisé dans la recherche empirique, et risquant donc de n’en rester qu’au stade de la théorie pure. Uldall passe des occurrences particulières aux classes ; selon Hjelmslev, cela n’est qu’une induction. Les occurrences particulières devraient être appréhendées en tant que membres d’une classe, plutôt que comme points de départ de la procédure. Par ailleurs, les points de vue des deux linguistes divergent sur un autre sujet : Hjelmslev envisage une base d’analyse définie pour chaque série d’opérations, tandis que Uldall choisit une fonction dans chaque cas individuel. Hjelmslev ne s’estime pas être en mesure de dire si le système de Uldall n’est qu’une élaboration ultérieure de l’original, ou si les deux systèmes ne peuvent guère être comparés. Selon le traitement envisagé par Uldall, la glossématique devient une théorie beaucoup plus générale. Cela vient du parcours de formation de Uldall lui-même : il n’a pas eu une formation de linguiste mais plutôt de phonéticien et anthropologue social. Hjelmslev ne prétend appliquer la théorie qu’aux langages, et n’en envisager qu’une application implicite aux autres sciences humaines – en élargissant sa perspective générale, comme dans les Omkring. Par contre, Uldall veut élaborer une théorie qualitative pour les sciences humaines qui puisse correspondre aux théories quantitatives des sciences naturelles. Hjelmslev est assez sceptique sur ce point : en effet, il ne croit pas que la frontière entre sciences humaines et sciences naturelles coïncide avec celle qui distingue aspect qualitatif et aspect quantitatif. Le point de départ des tableaux des relations et des corrélations établies par Uldall est le système des corrélations de Hjelmslev (α A β B γ Γ – voir La catégorie des cas, I) ; Hjelmslev, quant à lui, ne le concevait cependant pas comme faisant partie de la théorie linguistique, mais en tant que loi empirique (de nature hypothétique). Dans ce système, Hjelmslev reconnaît la possibilité qu’un membre insiste sur des cases données, et il définit l’« insis|tance » à partir du fait que cette case est toujours représentée dans les variantes. Ainsi, β a les variantes suivantes : a, ab, ac et abc et elle est dite insister sur a. Ce point a été développé ultérieurement par Uldall.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, pp. 76-77].
  • 2 Hjelmslev vivait à Copenhague, tandis que Uldall travaillait à l’étranger, au service du British Council.

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 234-236

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Compte-rendu de Uldall: An outline of glossematics“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 234–236.