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Réponse à propos de la communication de Siertsema

Louis Hjelmslev

pp. 237-238

11 [Considérations sur l’idée glossématique de description des unités linguistiques en se basant exclusivement sur leurs fonctions : ce rapport est centré sur la critique de l’aspect purement fonctionnel de la description glossématique : Siertsema affirme que sans la connaissance des fonctifs (dans le texte : relations), c’est-à-dire des terminaux des fonctions, l’analyse fonctionnelle est en principe stérile. Elle ne produit qu’une suite incontrôlable et potentiellement infinie d’analyses, ou des enregistrements vagues, non uniformes et donc inutilisables, des fonctions. Cela revient à dire que, pour être adéquate, l’analyse doit prendre en compte la substance (phonétique et sémantique) autant au niveau de l’identification des éléments qu’à celui de leur distribution]

2[Hjelmslev] Selon le titre et le contenu de la contribution, je suppose que la question tourne autour de la description, et pas seulement de la définition. Par ailleurs, il faut entendre le mot « relations » au sens large du terme, en tant que synonyme de ce que la théorie glossématique nomme « fonctions », et qui comprend les corrélations, et pas seulement les relations syntagmatiques ; en outre, je suppose que « décrire les unités linguistiques à partir de leur relations » c’est couvrir la description des unités linguistiques non seulement à partir de leur relations (mutuelles) externes, mais aussi sur la base des relations mutuelles entre les parties dont elles se composent (c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas seulement de ce qu’on appelle une description analytique, mais aussi d’une description synthétique).

3Ceci étant le cas, je ne comprends pas pourquoi vous vous questionnez sur la possibilité de décrire une langue à partir de ces bases. Une description scientifique ne peut pas se bâtir sans s’appuyer sur les fonctions, et ceci vaut autant pour la description de la « forme » que pour celle de la « substance ». Toutes les deux, d’ailleurs, contribuent à une description exhaustive des unités linguistiques. Il est évident, et personne ne l’a jamais nié, que dans une description exhaustive il faut tenir compte de la substance ; d’ailleurs, prendre en compte la substance ne veut pas dire confondre forme et substance : cette dernière a, quant à elle, ses fonctions propres qui doivent entrer dans la description.

4Quant à la deuxième question, concernant la comparabilité de différents systèmes, elle ne peut qu’engendrer des considérations tout à fait similaires. Comment est-il possible de répondre par la négative à cette question ? Faut-il prendre le mot « comparable » au sens de « identique » ? Siertsema ne compare-t-elle pas différents systèmes dans son propre exposé ? Je suppose qu’ici et là dans l’article de Siertsema on trouve de mauvaises interprétations de certains termes, et je suis désolé si j’ai été à l’origine ne serait-ce que d’un seul de ces malentendus.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1958), Proceedings of the Eigth International Congress of Linguists, Oslo, Oslo University Press, pp. 142-144].

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 237-238

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Réponse à propos de la communication de Siertsema“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 237–238.