Series | Book | Chapter

258071

Quelques considérations sur la pratique et la théorie dans la sémantique structurale

Louis Hjelmslev

pp. 427-437

Lines

Guidé par quelques principes fondamentaux, personnels, qu’on retrouve partout dans son œuvre et qui forment la trame de ce tissu solide autant que varié, il travaille en profondeur et ne s’étend en surface que là où ces principes trouvent des applications particulièrement frappantes

11 L’est c’est l’est, et l’ouest c’est l’ouest. Il n’en est pourtant pas ainsi en ce qui concerne la pratique et la théorie, qui sont plutôt destinées à se rejoindre, un jour. Peut-être se sont-elles déjà croisées en profondeur, dans le subconscient. Autrement dit : ce sont deux jumelles issues d’un même embryon.

2Quiconque connaît les concepts sur lesquels se base la méthode naturelle (même s’ils demeurent encore pour la plupart implicites) et les thèses de la théorie linguistique contemporaine (même si les applications en sont minces et les exemples assez rares), aura déjà noté le rapport étroit qui existe entre ces deux domaines. On ne peut pourtant pas parler d’influence réciproque. Il y a eu inspiration, sans aucun doute, mais elle n’a eu lieu qu’ a posteriori. J’irais même jusqu’à avancer qu’on est ici en présence d’une inspiration mutuelle. Il semble que dans cette conjoncture favorable la pratique et la théorie se font de toute pièce à partir de la même origine, de façon consciente ou non. Tout comme la théorie, la pratique se fonde sur l’intuition : mais si la pratique tait à dessein les fondements sur lesquels elle se base, qui en restent donc au stade d’intuitions pures, la caractéristique de la théorie est plutôt la loquacité, ou mieux, les énoncés explicites. Or tout linguiste moderne reconnaîtra facilement, dans la citation reproduite en exergue, le portrait d’un maître brossé par deux de ses élèves : je suis convaincu que ces mots peuvent également s’appliquer à la personnalité extraordinaire que nous célébrons aujourd’hui.

3La didactique de l’anglais2 selon la méthode naturelle, et la théorie linguistique connue sous le nom de glossématique ont été élaborées au cours de la même période, et tout à fait indépendam|ment l’une de l’autre. À l’époque, leurs auteurs respectifs ne se connaissaient pas. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que j’ai pu prendre connaissance de l’œuvre English by the Nature Method. Peu après, en Suède, Arthur M. Jensen me confiait qu’il venait de lire mes Prolégomènes d’une théorie du langage,3 et qu’il y avait beaucoup réfléchi (incidemment, cette lecture avait eu lieu en Norvège, au sommet d’une montagne). Les considérations dont il m’a fait part étaient si pertinentes, les questions posées tellement appropriées, que je n’aurais pu espérer lecteur plus attentif pour des enjeux aussi fondamentaux. Il faut bien garder à l’esprit que cette conversation ne portait pas sur des applications, ni même sur les prérequis immédiats de l’analyse linguistique, telle que l’analyse phonématique et séman|tique, ou sur des considérations analogues : ses observations ne concernaient que des enjeux de nature théorique, ciblant les plus petits détails, les implications les plus fines de cette théorie. J’avoue que cela m’a étonné, non pas parce que, du moins pour bon nombre de lecteurs (et pour des raisons qui leur sont propres), mon livre est incontestablement d’une lecture difficile, mais plutôt parce qu’il s’agissait de ma première rencontre avec ce grand esprit qu’est Arthur M. Jensen. Je ne connaissais pas encore les qualités exceptionnelles de cette personnalité très riche. Sa conduite discrète et son fort désir d’encouragement de l’éducation m’avaient déjà donné à penser qu’il était loin d’être n’importe quel businessman.

4Nous n’avons pourtant pas échangé longtemps et, si mes souvenirs sont bons, il s’agit là de la seule conversation que nous avons eue à propos de la théorie linguistique. Je tiens à ajouter que si j’ai fait par la suite quelques commentaires sur l’analyse sémantique, c’est simplement parce que j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un domaine qui nous était commun. D’ailleurs, je n’ai pas souvenir d’avoir eu avec Arthur M. Jensen d’autres échanges au sujet de l’analyse sémantique : je crois lui avoir envoyé l’ou|vrage de S. I. Hayakawa Language in Action (juste après la parution de la deuxième édition, en 1946), car il m’avait confié son vif intérêt pour ce livre, qu’il jugeait très proche de sa démarche – rien de plus.

5Que le lecteur me permette d’ajouter une dernière remarque : je n’ai pris aucune part à la préparation et à la réalisation des cours linguistiques d’Arthur M. Jensen. Notre collaboration, issue d’un partage d’idées fondamentales, pourrait être qualifiée d’« administrative », aussi bien sur le plan pratique que sur le plan théorique.

6C’est en 1946 que j’ai été invité à ajouter ma contribution au Symposium linguistique scandinave.4 J’ai tout de suite pressenti le sujet sur lequel elle devait porter : le problème général de la sémantique.5 C’était à mes yeux le sujet à propos duquel la théorie linguistique et la méthode naturelle avaient une nouveauté – la même chose ! – à annoncer. D’autre part, tout comme le problème de la substance sémantique, l’analyse du contenu linguistique me semblait être une question importante à traiter depuis l’élaboration de la théorie glossématique. Peu après avoir soumis ce travail, j’ai présenté une contribution analogue à la Société d’Histoire et de Philologie de Copenhague, en séance conjointe avec la Société de Philologie Scandinave et le Cercle linguistique de Copenhague.6 La discussion qui s’en est suivie a fait émerger les contributions précieuses de Paul Diderichsen, Svend Johansen et Kristen Møller. Depuis lors, j’ai contribué à approfondir ce sujet à plusieurs reprises : lors d’une communication donnée à l’Académie Royale Danoise,7 lors d’une autre présentation, à la Conférence européenne de sémantique,8 puis dans mon allocution en tant que vice-recteur à l’Université de Copenhague9 dans une contribution à Linguistic Today, Publication Bicentenaire de l’Université de Columbia,10 mais aussi, pour finir, dans mon rapport pour le Congrès International des linguistes, qui a eu lieu en 1957 à Oslo.11 C’est en discutant du test de commutation dans un article consacré à ce sujet 12 lors du Cinquième Congrès International de linguistes (tenu en 1959 au Conventus Romanus de Rome, et sponsorisé par le Nature Method Institute) que j’ai décidé de mettre l’accent sur le contenu plutôt que sur l’expression linguistique : j’avais en effet l’impression que l’analyse du contenu était injustement négligée par la linguistique contemporaine. Les problèmes soulevés par cette analyse me semblaient d’une importance capitale pour la didactique des langues tout comme pour la méthode naturelle, dans laquelle certains théorèmes plérématiques figurent comme des principes fondamentaux.

7Je vais essayer ici de résumer certains de ces principes, tels que je les conçois maintenant. Les circonstances m’imposent une certaine brièveté. Ma communication prendra d’ailleurs une tournure assez technique, et le lecteur s’apercevra que le parcours deviendra de plus en plus difficile. Pourtant, j’ai l’impression que cela est bien dans l’esprit d’Arthur M. Jensen : non seulement il est lui-même un expert de ce genre de questions, mais aussi, chaque fois que nous étions invités à soumettre des contributions pour des conférences sur la méthode naturelle, il nous était demandé d’éviter la vulgarisation et de favoriser plutôt un degré de technicité propre aux spécialistes. Ce que je vais présenter aujourd’hui ne devrait pas trop s’éloigner de ce que l’on s’attend d’un symposium sur la méthode naturelle, même si j’ai déjà dérogé à ces préceptes : je reconnais m’être trop attardé sur la méthode naturelle en oubliant de me limiter à des considérations d’ordre purement théorique. Il en sera ainsi dorénavant. Ce sont les circonstances qui le commandent.

8Quand on veut décrire correctement une méthode, il est parfois utile de préciser ce que cette méthode n’est pas, ou ce qu’elle ne fait pas : ces définitions négatives permettent de mieux mettre en lumière la caractéristique la plus marquante de la méthode naturelle : il s’agit d’une démarche qui par définition n’a pas recours à la traduction. Cela nous éloigne apparemment de la sémantique, ou du moins de la sémantique telle qu’on la conçoit couramment. Quand on cherche la « signification » d’un mot ou d’une locution dans une langue étrangère, ce qu’on demande n’est en réalité rien d’autre qu’une traduction. Il ne s’agit toutefois pas là de la véritable signification de « signification », ni d’ailleurs de la véritable signification de « sémantique ». 13 Comme on le verra plus tard, nous touchons là exactement le point où la méthode naturelle rencontre les besoins de la linguistique structurale.

9On dit qu’une langue nationale ou régionale, à un stade donné de sa transformation chronologique,14 connote15 respectivement une certaine nation ou une région donnée.16 Cette faculté de connoter se rencontre partout dans la structure d’un langage, dans n’importe lequel de ses quatre strata17 et dans leurs relations réciproques (R): à la fois dans la relation de signe entre les deux fonctifs inclus dans le signe lui-même, le contenu et l’expression (CRE), ainsi que dans la relation (appelée manifestation) entre forme et substance (FRS). Dans un souci d’exhaustivité et de clarté, ajoutons que dans le cas d’un langage ordinaire, la relation de signe est une dénotation, dans laquelle l’expression est le dénotant qui dénote son contenu (le dénoté), et que, pour autant que l’on considère le contenu, la manifestation est appelée désignation, la forme du contenu (le manifesté) désignant et la substance du contenu (le manifestant) désigné.18 19 Dans le cas fréquent où la substance de l’expression est de nature phonétique, la manifestation est appelée prononciation, dont le manifesté est l’unité prononcée.20

10Afin de fournir des désignations scientifiques pour les deux fonctifs d’une connotation (ou d’une relation connotative), on appellera connotant la langue en question et connoté(e) la nation ou la région qu’elle connote.21

11Une dénotation est une relation sémiotique de premier degré ; une connotation est une relation sémiotique de deuxième degré dans laquelle le plan de l’expression est un langage dénotatif pris dans son ensemble (CRE), et le plan du contenu est le connoté (la nation ou la région).22 Si donc on symbolise respectivement par Cd et Ed le contenu dénotatif et l’expression dénotative, et par Cc et Ec respectivement le contenu connotatif (le connoté) et l’expression connotative (le connotant), alors le champ relationnel dans son ensemble CdREd coïncidera avec l’expression connotative (le connotant) Ec. La formule pour un « langage » connotatif (ou mieux : pour une sémiotique connotative) sera donc : (CdREd)RCc.

12Les connotants dont les connotés sont mutuellement différents sont à leur tour mutuellement traduisibles.23 Les connotants qui acquièrent une substitution mutuelle 24 en soustrayant leurs conno|tés respectifs sont appelés fonctifs converses. On appellera transposition la substitution entre n’importe quel couple de fonctifs converses ; une transposition sémiotique est dite traduction.

13Puisqu’une traduction présuppose une manipulation de la sémiotique connotative dans son ensemble, tout comme une opération de soustraction des connotés, une traduction implique toujours la considération de grandeurs externes au langage dénotatif (c’est-à-dire le langage linguistique).25 La méthode naturelle parvient à se passer de ces complexités externes en restant à dessein à l’intérieur des limites de la linguistique interne. Puisque la linguistique interne est logiquement présupposée par la linguistique externe, elle doit nécessairement constituer l’objectif principal de la linguistique structurale,26 car elle se situe à un rang hiérarchique|ment supérieur, et elle est dotée d’une valeur intrinsèquement supérieure. On touche ici du doigt l’importance fondamentale, du point de vue scientifique, des problèmes abordés par la méthode naturelle.

14La méthode naturelle, donc, adopte comme prérequis une analyse sémantique interne, qui est à réaliser par l’enseignant ou par toute personne censée appliquer la méthode. Il ne s’agit évidemment pas d’un prérequis pour l’étudiant. Le but pratique de ce dernier est la maîtrise de la langue, mais il peut aussi être progressivement conduit à réaliser cette analyse sémantique interne et à la résumer à la fin du cours. À long terme, ce procédé pourrait même le préparer à la recherche comparative, en lui fournissant un outil approprié pour la comparaison entre différentes langues ou structures, y compris sa langue maternelle. On ne saurait imaginer meilleure manière de former de futurs linguistes ! Toutefois, pendant le cours, l’approche ne pourra être qu’inductive, et la présentation pédagogique devra être de nature pratique, et pas théorique : pour remplir les conditions requises par le Principe Empirique,27 elle devra néanmoins être le résultat d’une analyse linguistique réalisée par l’enseignant. Or, cela semble bien être le cas de la méthode naturelle. Ce qualificatif de « naturelle » est tout à fait approprié, non seulement parce que la méthode en question est directe, mais aussi parce qu’elle révèle la « nature » intrinsèque de la langue à apprendre.

15Théorie et Pratique ont également affaire à des variantes (de différents degrés) et à des invariantes (commutables), ainsi qu’à la forme et à la substance qui leur correspondent. Mais il va sans dire que l’approche inductive qu’on adopte lors d’une présentation péda|gogique pratique doit partir des variantes (du plus haut degré) et de leurs manifestations. Au tout début de la description synthétique, les variantes sont gérées par énumération (comme c’est le cas dans les dictionnaires bilingues, qui donnent des traductions possibles dans une Langue B de quelques termes appartenant à la Langue A) ; cela n’a rien de systématique, surtout s’il s’agit d’une énumération plus ou moins aléatoire. D’autre part, tout cela ne ressort qu’indirecte|ment de la méthode naturelle, qui se borne en principe à donner dès le début une variante de relativement haut degré – peut-être la seule à laquelle l’étudiant aura affaire avant longtemps. D’ailleurs, il ne faut pas reprocher à une approche pédagogique monolingue d’avoir recours à l’escamotage ostensif qui consiste à indiquer des objets, par exemple une image, puisqu’il faut d’une manière ou d’une autre que la « chose indiquée » se présente comme une variante possible de plus haut degré. D’autre part, en ce qui concerne la manifestation des variantes, il faut noter que les substances peuvent être classées à des niveaux28 différents : on a des raisons de supposer que 1. la « chose visée » appartient à un niveau très bas (par « bas », il faut entendre « relativement loin d’une affinité directe avec le manifesté ») et 2. que le « plus haut degré », c’est-à-dire ce qui se prête le mieux à manifester les formes linguistiques du contenu, relève de l’appré|ciation collective.29 Cet objectif ne peut être atteint qu’à travers une induction progressive et une synthèse dont l’étudiant ne doit pas avoir conscience (c’est du reste ce qui se passe pour le parlant natif) et qu’il faut souvent laisser à l’intuition de ce dernier ou à ses conclusions provisoires.

16Tôt ou tard, l’étudiant parvient à saisir (autrement dit à recueillir) les variantes de degrés inférieurs et même les invariantes avec leurs manifestations respectives. Il applique pour ce faire une méthode inductive, c’est-à-dire une synthèse progressive des variantes de degrés supérieurs prenant en compte aussi bien les mots isolés (y compris les signes les moins étendus comme les parties du mot) que des signes de plus grande ampleur comme les phrases ou les locutions. Cette méthode peut donc légitimement être qualifiée d’interne. C’est de cette manière que je voudrais reformuler théoriquement l’expérience de « penser dans une langue étrangère ». Repérer la manifestation d’une variante de degré inférieur ou d’une invariante équivaut à en repérer le dénominateur commun – tâche qui est souvent confiée à l’intuition de l’étudiant. La méthode naturelle, par contre, dispose d’un moyen dont elle fait grand usage, et qui consiste à formuler explicitement les variantes de n’importe quel degré, les invariantes et les signes de petite ou de grande étendue. Cette formulation pourrait être appelée « traduction interne », bien que le terme même de « traduction » soit en quelque sorte fallacieux et représente un écueil théorique. La vraie nature de cette formulation est une définition syntagmatique qui correspond à celle qu’on peut trouver dans tout bon dictionnaire monolingue, et qui coïncide avec les définitions requises par la méthode d’analyse sémantique préconisée en glossématique.30 Les définitions comprendront des parties qui peuvent être définies ultérieurement, mais à la longue leur série se conclura par des indéfinissables. On peut supposer que les derniers termes indéfinissables auxquels on arrive à la fin d’un tel système de définitions sémantiques ne seront que des éléments de simples situations behaviouristes, du type « je suis », « tu es  », etc. À leur tour, celles-ci ne pourront être éclairées que par des inférences faites à partir du contexte situationnel – et le fait d’indiquer un objet pourrait se révéler être un procédé utile.

17Voilà grosso modo la manière dont la Pratique et la Théorie doivent se rejoindre ; et si la Pratique se fonde sur la Théorie, l’inverse est également vrai : toutes deux ne reposent, finalement, que sur de simples situations comportementales.

18Il y a par ailleurs un point très général sur lequel la méthode naturelle respecte les prérequis fondamentaux d’une véritable péda|gogie scientifique. Hormis les définitions explicites qu’on vient de mentionner et qui sont données inductivement à la fin, et non au début, de chaque présentation, la méthode naturelle confronte l’étudiant à des faits, et le laisse tirer ses propres conclusions. Elle le pousse donc constamment à réfléchir de façon rigoureuse – ce qui représente l’idéal de toute formation à la recherche scientifique.

    Notes

  • 1 [« Some Reflexions on Practice and Theory in Structural Semantics, Language and Society. Essays presented to Arthur M. Jensen on his Seventieth Birthday, Copenhague, Det Berlingske Bogtrykkeri: 55-63].
  • 2 Ainsi probablement que celle d’autres langues.
  • 3 Dans la version originale danoise : Omkring sprogteoriens grundlæggelse, 1943. Cf. p. 59 n. 7, dernière partie.
  • 4 Nordisk språkkonferensen i Stockholm.
  • 5 Semantikkens grundproblem, présenté (en danois) le 10 octobre 1946 (inédit).
  • 6 Semantikkens problem, 13 novembre 1946 (inédit).
  • 7 Semantikkens grundproblem, 28 avril 1950. Un court résumé a été publié dans Oversigt over Selskabets Virksomhed 1949-50, p. 50 (Copenhague 1950).
  • 8 Conférence européenne de sémantique, tenue à Nice du 26 à 31 mars 1951. Les Actes de cette conférence ont été publiés par la Société de linguistique de Paris pour un usage restreint, sous forme miméographée et insatisfaisante.
  • 9 La forme du contenu du langage comme facteur social, cf. Essais linguistiques, pp. 89-95 (= Travaux du Cercle Linguistique de Copenhague, XII, Copenhague, 1959).
  • 10 La stratification du langage. Word, 10, pp. 163-188 (New York, 1954). Reproduit dans Essais linguistiques, pp. 36-68.
  • 11 Actes du Huitième Congrès International des Linguistes, pp. 636-654 (Oslo, 1958). Reproduit dans Essais linguistiques, pp. 96-112.
  • 12 Commutation et substitution, deux principes constitutifs du mécanisme de la langue, 21 octobre 1959 (à paraître).
  • 13 Ici et tout au long de ce texte, par sémantique il faut entendre à la fois l’étude de la substance du contenu et celle de la forme du contenu.
  • 14 Cette restriction « synchronique » à un seul et même « état de langue » est impérative. Le vieil anglais n’a pas la même connotation que l’anglais moderne, surtout si l’on songe au « schéma global » de l’aire linguistique anglaise dans son ensemble (ce qui est correct et opportun). Il en va de même pour le vieux norrois – pour prendre un exemple qui trouve un écho dans le débat politique danois contemporain –, qui a des connotations très différentes de l’islandais (moderne).
  • 15 Pour utiliser les propres termes de John Stuart Mill, Logic, vol. I, ch. II.
  • 16 Il faut entendre ici les termes de « nation » et de « région » en tant qu’impliquant (ou au sens strict : en tant que désignant, cf. ci-dessous) la culture nationale (régionale), au sens le plus large du mot : les traditions, les croyances (politiques et autres, y compris le sentiment d’appartenance nationale, le régionalisme ou le patriotisme local), le comportement (les coutumes et les mœurs), etc. Il faut noter au passage que, dans le cas des langues inter|nationales (comme l’anglais de notre époque ou le latin dans le passé), le connoté peut se limiter à une simple étiquette (à savoir une simple forme) : le nom de la langue et l’idée générale qu’il transmet – ce que du point de vue du nominalisme l’on pourrait appeler un connoté – tandis que d’un point de vue réaliste le connoté (quoique encatalysable) peut être plus ou moins latent (manifesté par zéro ou par un syncrétisme de grandeurs de substances facultatives).
  • 17 Cf. Essais linguistiques, p. 39 (La stratification du langage, cf. p. 57, note 7).
  • 18 Y compris le cas particulier de la latence, où le manifestant est zéro.
  • 19 Dans la distribution des formes actives ou passives de ces termes techniques (le désignant étant le manifesté ; le désigné étant le manifestant) une dérogation a été faite à l’idée conventionnelle concernant le « sens » de ces relations : la forme, qui est manifestée par la substance, désigne cette dernière à son tour.
  • 20 Cf. note 17.
  • 21 Bien que les notions qu’on vient d’introduire ici soient identiques à celles qu’on a introduit dans les publications précédentes, la terminologie a évolué en tenant compte des modifications signalées. Ici, connoté remplace ce qu’on avait appelé le connotateur, et le langage connotatif (ou plus généralement le fonctif connotatif) doit être appelé connotant. À bien y regarder, l’ancienne terminologie prêtait à confusion et le terme « connotateur », quoi que l’on prenne dans le sens de connotant ou de connoté (ou bien dans le sens ambigu de « champ fonctionnel » comprenant les deux à la fois) pouvait entraîner des malentendus. Cf. Prolegomena to a Theory of Language, pp. 102 et suivantes (Baltimore, 1953, de l’original danois (p. 56, note 1); les références de page renvoient à l’édition originale danoise, dont la pagination est donnée en marge de l’édition anglaise. Une deuxième édition anglaise est actuellement en cours de préparation).
  • 22 Avec les désignés qui sont mentionnés à la note 15.
  • 23 Prolegomena (cf. p. 59, note 7), p. 104.
  • 24 Substitution : cf. la définition 62 des Prolegomena (p. 85 de l’édition anglaise).
  • 25 Cf. F. de Saussure, Cours de linguistique générale, Introduction, ch. V : Éléments internes et éléments externes de la langue. Puisque l’opération de soustraction sous-jacente à la traduction est en principe de nature négative, on peut peiner à trouver que la traduction implique la considération d’éléments externes, tels que les dénotés. Il va sans dire que soustraire ne signifie pas ignorer, et que toute traduction doit prendre en compte les éléments soustraits (par exemple les différents langages) en les gardant temporairement de côté : ceci s’applique à toute comparaison.
  • 26 De toute évidence, cela n’empêche pas que la linguistique externe puisse être structurale.
  • 27 Prolegomena, pp. 11-12, et passim.
  • 28 Essais, pp. 51 et suivantes (La stratification du langage). Cf. aussi mon rapport à la conférence d’Oslo (Essais, p. 109).
  • 29 Essais, pp. 52, 55, 109-110.
  • 30 Prolegomena, pp. 63-65 ; Essais, pp. 110-111.

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 427-437

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Quelques considérations sur la pratique et la théorie dans la sémantique structurale“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 427–437.