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Discussion

Remarques à propos de la communication de Uldall

Le Maidu, une langue californienne

Louis Hjelmslev

pp. 39-41

Lines

Séance du jeudi 12 avril 19341

1Après une rapide description du système phonologique du Maidu et l’examen d’un court extrait, Uldall présente la structure du verbe de façon plus exhaustive. Des considérations de nature plus géné|rale s’ensuivent : 1) en Maidu on a ce que Palmer définit comme une « superposition » entre phonèmes, puisque, dans certaines conditions, les séries *p, *t, *k et *ph, *th, *kh se réalisent de la même manière. Il en va de même pour certains sémantèmes : sous certaines conditions, les préfixes *bo- et *bī- se réalisent comme bī-. 2) Les éléments grammaticaux, qui entrent dans le verbe, peuvent être répartis en trois classes, selon qu´ils se trouvent a) uniquement à l’intérieur du thème verbal, b) à l’extérieur du thème verbal, c) indifféremment à l’intérieur ou à l’extérieur du thème verbal. Selon la terminologie phonématique proposée par Hjelmslev, on distingue a) les éléments combinés, b) les éléments combinants, c) les élé|ments à la fois combinés et combinants, en fonction du parallélisme entre les deux divisions suivantes :

  • la division générale en voyelles et consonnes, reposant uniquement sur des définitions, qui correspond à la division en phonèmes combinés et phonèmes combinants, valable pour chaque langue ;
  • et la division générale en sémantèmes et morphèmes, reposant elle aussi sur des définitions, qui correspond à la division en éléments combinés et éléments combinants de différentes langues (en Maidu il faut également y inclure les éléments à la fois combinés et combinants).

2Uldall affirme que cette distinction est la seule qui soit pertinente pour les éléments grammaticaux du Maidu : étant donné que le « sémantème » ou le « morphème » ne sont que des grandeurs idéelles qui relèvent du « langage », on ne peut pas les utiliser directement comme base de division pour les « langues » particulières, qui possèdent leur propre principe de division. Il en va de même dans le domaine des sons, où les catégories de « voyelle » et de « consonne » relèvent de la phonétique générale et ne peuvent pas être utilisées comme base de division dans les systèmes phonologiques particuliers, puisque les phonèmes sont à diviser selon des principes propres à chaque langue.

Discussion

3[Hjelmslev] Les unités grammaticales qu’on retrouve dans chaque langue et sur lesquelles l’analyse grammaticale peut se fonder en toute sécurité sont les unités les plus petites, à savoir les sémantèmes ou les morphèmes. Le mot, en revanche, est une unité qui a été introduite dans la linguistique par la tradition logico-scolastique euro|péenne, et qui, de par sa nature, reste mal définie. On gagnerait à se débarrasser complétement du concept même de mot dans l’analyse du Maidu. Uldall croit pouvoir établir la frontière du mot entre un morphème et le sémantème suivant. La difficulté qui en découle est que la détermination des préfixes ainsi que des sémantèmes n’est pas évidente : d’ailleurs ces préfixes mettent le grammairien devant des difficultés équivalentes à celles posées par les préverbes en indo|européen, par exemple. Dans tous les cas, l’harmonie vocalique en Maidu suggère plutôt que les préfixes sont des morphèmes.

4[Uldall] En Maidu, l’ordre des éléments est immuable. Le thème est toujours combiné – à l’aide de ce qui est à l’extérieur de celui-ci ; les radicaux secondaires ainsi qu’une partie des suffixes occupent une position tout particulière : en effet, d’une part, ils combinent le thème (se combinent au thème) et d’autre part, ils sont combinés avec le thème.

    Notes

  • 1 [Texte publié en danois (1935), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 1, pp. 6-8].

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 39-41

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Remarques à propos de la communication de Uldall: Le Maidu, une langue californienne“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 39–41.