Séance du 10 mai 19501
1Les paradigmes sont établis sur la base du gouvernement (il faut que celui-ci soit du type qui établit les nexies). Les grandeurs qui contractent certains gouvernements sont établies en tant que morphèmes, et toutes celles qui peuvent commuter avec elles sont rangées dans le même paradigme, même si elles ne contractent pas le même gouvernement. Sinon, il y aurait des catégories qui resteraient sans fonction : de cette façon, par exemple, le nominatif resterait au dehors de la catégorie des cas, ainsi que le positif de la catégorie de comparaison. Le paradigme se définit par le fait qu’un (ou plusieurs) de ses membres contracte une certaine fonction de direction : c’est sur la base de la structure de la langue individuelle que cela doit être établi. Dans la déclinaison nominale du latin, il n’y a pas de locatif indépendant. Si l’on considère seulement Romae (génitif – datif – locatif), Tarenti (génitif – locatif), et le pluriel Athenis (datif – ablatif – locatif), sans tenir compte d’autres faits, cela peut vouloir signifier deux choses : ou bien que le cas locatif est syncrétisé avec des cas différents (ce qui se passe dans nombre d’autres langues, par exemple en lituanien où l’instrumental est syncrétisé avec l’accusatif au singulier, et avec le datif au pluriel), ou bien qu’il n’y a pas de locatif, ce dernier n’étant qu’une variante commune à plusieurs cas différents. C’est cette dernière solution que Hjelmslev préfère. Dans ces conditions, il n’y a aucune raison intrinsèque de reconnaître le locatif en tant que cas autonome, étant donné qu’on arrive à la solution la plus simple en admettant la participation. Il faut cependant tenir compte d’autres facteurs : par exemple, les formes hic, ille, iste (nominatif) qui correspondent aux locatifs hic, illic, istic et is – ibi, alius – alibi, etc. – c’est-à-dire des radicaux qui sont bien dotés du locatif. Cela se révèle décisif pour le système général des cas, tout comme am, are, is se révèlent décisifs pour le système général de la personne grammaticale de l’anglais. D’autres exemples sont donnés par Hjelmslev, tant en latin qu’en hongrois.