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258015

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Le statut des propositions relatives dans l'analyse de la phrase

Louis Hjelmslev

pp. 159-160

Lines

Séance du 7 novembre 19501

1[Hjelmslev] Au cours des discussions précédentes, on a parfois sou|tenu que les propositions secondaires sont des membres de phrase en forme de phrase, et qu’il serait par conséquent injustifié d’analyser une nexie complexe (une phrase complexe) en proposition primaire et proposition secondaire ; il a aussi été soutenu que la conception selon laquelle les propositions secondaires sont des membres de phrase tirerait ses origines d’une tradition établie par Wiwel et reprise par Jespersen. La vérité historique est que, contrairement à Jespersen,2 Wiwel3 ne partageait pas cette façon d’envisager les propositions secondaires. Par contre, on peut trouver un point de vue analogue dans l’œuvre de Ries4 (que Jespersen ne mentionne pas). Cette perspective novatrice, introduite par Reis et Jespersen, permet à Hjelmslev de relever 1) qu’elle se fonde sur une confusion entre phrase complexe (nexie) et proposition,5 au sens le plus strict du terme (nexus) ; 2) qu’elle est devenue superflue suite à l’intro|duction, par la glossématique, a) de la catalyse et b) de l’analyse plérématique. L’exemple Den bog jeg købte i går er god (The book I bought yesterday is good) est catalysé par Den bog, som jeg købte igår, er god (The book which I have bought yesterday is good) ; le som (which) qui a été encatalysé est analysé au moins  en deux composantes : une composante relative (un connectif) et une composante anaphorique (qui est exprimée dans d’autres contextes par den (it)6) ; par conséquent, la nexie en question est analysée en deux nexus : la proposition primaire den bog er god (the book is good) et la proposition secondaire som jeg købte i går (which I bought yesterday) ; si on élimine la composante connective et l’ordre spécifique des mots (qui signale que la proposition est secondaire), la proposition secondaire devient identique à la proposition primaire, à savoir jeg købte den i går (I bought it yesterday), ce qui démontre que la proposition primaire et la proposition secondaire sont des variantes.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, p. 137].
  • 2 Cf. Sprogets logik (O. Jespersen), 1913, p. 37 suiv., et Ledsætningernes (bisætningernes) systematik (O. Jespersen), 1940.
  • 3 Cf. Synspunkter for dansk sproglære (H.G. Wiwel), 1901, p. 297 et suiv.
  • 4 Cf. Beiträge zur Grundlegung der Syntax (J. Ries), en particulier cf. la définition de ‘Gliedersatz’ dans le sommaire de la partie 3 (‘Was ist en Satz?’), 1931.
  • 5 Notamment la proposition primaire.
  • 6 Sur le principe, cette analyse concorde avec celle de J. Holt (cf. Proceedings of the IXth Scandinavian Congress of Philology, Helsinki 1950).

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 159-160

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Le statut des propositions relatives dans l'analyse de la phrase“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 159–160.