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Classification des variantes et description de la substance des catégories

Louis Hjelmslev

pp. 214-215

Séance du 16 novembre 19541

1Tout comme les invariantes, les variantes font aussi partie de la structure linguistique. On maintient cette conception en opposition à celle de l’école de Prague, qui conçoit les variantes en tant que grandeurs de substance. Les variantes peuvent être établies par le moyen d’un calcul (tandis que les invariantes ne le peuvent pas). Une invariante possède autant de variétés (variantes liées) que de relations. Pour chacune de ces variétés il y a un nombre infini de variations (variantes libres). La forme inclut des grandeurs commutables, ainsi que des variétés et des variations établies au moyen d’un calcul pur. On est donc toujours en mesure d’assigner une substance à toutes ces grandeurs. Est-il possible d’établir une base légitime qui permette de déterminer si certaines variantes peuvent être considérées en tant que variantes principales ? Cela peut se faire (1) sur la base de la substance. D’après la linguistique américaine, on établit souvent un nombre limité d’allophones (selon la terminologie de Trager). Ceux-ci correspondent grosso modo aux sons qui sont des phonèmes dans d’autres langues, ce qui est considéré comme un expédient pour les distinguer. C’est la même chose que l’on fait en linguistique traditionnelle, lorsqu’on dresse les tableaux phonétiques en calquant différentes langues les unes sur les autres. (2) Une autre solution serait de se baser sur certains types de corrélations (voir le système développé par Hjelmslev dans La catégorie des cas, 1, p. 97 et suiv.). Dans le système de corrélations établi par Hjelmslev, certains membres d’une catégorie sont caractérisés par le fait d’insister sur certaines cases. Une grandeur se dit insister sur une case lorsque la case est représentée dans toutes les variantes de premier degré. Par exemple, la grandeur β a les variantes a, ac, ab, abc ; elle insiste sur a, qui est par conséquent sa variante principale. La description globale de la substance d’un taxème d’une catégorie devient forcément très abstraite. Brøndal s’est attelé à cette tâche, et son travail peut être repris et continué.

    Notes

  • 1 [Texte publié en anglais en (1970), Bulletin du Cercle Linguistique de Copenhague, 8-31, p. 102].

Publication details

Published in:

Hjelmslev Louis (2022) Essais et communications sur le langage, ed. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press.

Pages: 214-215

Full citation:

Hjelmslev Louis (2022) „Classification des variantes et description de la substance des catégories“, In: L. Hjelmslev, Essais et communications sur le langage, Genève-Lausanne, sdvig press, 214–215.